vendredi 8 mai 2009

Nouveaux caractères pour le clavier ... en Darija!


Et si la darija se dotait de son propre alphabet ?

C'est là le projet d'un jeune étudiant marocain au Canada, qui a travaillé pendant un an sur une nouvelle manière d'écrire la darija. Ça donne une arabisation des lettres latines, avec, par exemple, un point au dessus du C pour écrire le son “ch”. Adieu le 7 de sa7bi, le 9 de ber9o9, le 3 de 3imara… ça donne sa?bi, berqoq et ?imara. Et c'est disponible sur ktbdarija.com, avec traducteur et claviers pour Windows Vista, XP et Linux! Une idée originale, qui suscite déjà l'intérêt de quelques 139 facebookeurs* …

*Groupe Facebook du Site : http://www.facebook.com/pages/KtbDarijacom/90040673816

Par ailleurs, voici un edito intéressant concernant la question ( Signé TelQuel, et curieusement sortie la même semaine de la sortie du site " KTBDARIJA " ), et que je vous invite à lire d'ailleurs :






Qui sommes-nous ?

Les Marocains sont “Arabes”, d’après la Constitution. Mais un texte approuvé sans débat à 99,56% n’est pas le meilleur indicateur de la libre volonté du peuple…


“L a langue arabe est cernée de tous les côtés, ouvertement combattue au vu et au su des responsables politiques”. C’est le passage saillant d’un communiqué, produit cette semaine par une certaine “Association marocaine de défense de la langue arabe”. Objectif : “Faire respecter la langue constitutionnelle et officielle du pays” – l’arabe classique, bien

sûr. Comme par hasard, cette diatribe très énervée intervient quelques jours après une déclaration tonitruante de Mahjoubi Aherdane. L’Amghar (chef berbère, ou amazigh) a en effet déclaré?: “Nous réclamons que la langue amazighe soit enseignée, au sein du collège royal, au prince héritier Moulay Hassan, notre futur roi”. Certains militants amazighs ont reproché à Aherdane de trop focaliser sur la famille royale, au détriment du peuple. Ils ont tort.
L’Amghar est un vieux loup de la politique, il sait ce qu’il dit. Au Maroc, tout commence et tout finit au Palais. Si Mohammed VI décide d’introduire le tamazight dans le curriculum de son royal fils, il y a fort à parier que, l’exemple venant de haut, l’Etat se sentira tout à coup obligé d’implanter sérieusement l’enseignement du tamazight dans toutes les écoles, comme promis il y a 8 ans. Et tant pis pour ceux qui fantasment encore, en dépit de toute évidence, sur la “Oumma arabe unie”. Cette passe d’armes entre arabophones et berbérophones a le mérite de remettre la question linguistico-identitaire sur le tapis. Que sont les Marocains ? Des Arabes ? C’est ce que voudrait faire croire notre Constitution. Mais une Constitution imposée sous un climat de dictature et votée sans débat, dans sa dernière mouture, à 99,56% (!) n’est pas le meilleur indicateur de la libre volonté du peuple. Parmi les officiels, les plus ouverts préconisent de l’amender pour faire du Maroc un pays “arabo-berbère”. Bonne idée. Mais est-ce le cœur du problème ?
Non. La définition la plus juste qui ait été donnée, jusqu’à présent, de l’identité marocaine figure dans le Manifeste berbère, texte magnifique rédigé par le grand érudit et académicien Mohamed Chafik en 2000, et signé par la fine fleur de l’intelligentsia amazighophone du royaume. Reste que ce texte est encore, à ce jour, largement incompris. La plupart des gens pensent qu’il cherche à placer la berbérité comme notre identité unique (au mieux, ex-aequo avec l’arabité). C’est un malentendu. Le message du Manifeste, si on le lit attentivement, est beaucoup plus subtil… et convaincant : à l’origine, tout le monde est d’accord, l’amazighité est “l’identité mère” des Marocains. A ce titre, nous lui devons la “politesse” de nous définir, identitairement, comme amazighs. Mais cela n’implique aucune exclusivité linguistique et culturelle – bien au contraire. Le message du Manifeste est que toute identité est, avant tout, le résultat d’une accumulation historique. Et là-dessus, pas de doute : à notre culture amazighe originelle, de nombreux affluents se sont successivement greffés depuis 15 siècles (arabo-musulman, bien sûr, mais aussi juif, français, espagnol, un peu portugais et même, depuis peu, dans les grands centres urbains, anglo-saxon). Voilà la véritable identité marocaine : le fruit d’une “fusion” historique, qui ne cesse d’ailleurs d’évoluer et de s’enrichir.
Linguistiquement, ça donne quoi ? La darija, bien sûr ! Seule cette langue que nous parlons et dans laquelle nous pensons tous – et que nous devrions plutôt appeler “le marocain” – intègre toutes les facettes occultées de notre identité. C’est elle qui devrait être standardisée (un exercice largement à la portée de nos linguistes), utilisée comme vecteur d’enseignement dans nos écoles, généralisée sur la télé publique (les radios privées l’ont déjà fait sans complexe), et à terme… constitutionnalisée. Politiquement, personne ne soutient encore cette option. C’est pourtant la plus logique, la plus cohérente, celle qui pourrait réconcilier tout le monde. Et surtout, nous réconcilier avec nous-mêmes. Cela n’en vaut-il pas la peine ?

Source : http://www.telquel-online.com/372/edito_372.shtml

1 commentaire:

Tariq Daouda a dit…

221 facebookeur à l'aube du 5éme jour, et ça continue d'augmenter. La coïncidence avec la publication de l'article ce Tel Quel est amusante... A croire que rien n'arrive par hasard.